Le pays d’Allègre

Une porte à franchir

Aujourd’hui à l’écart des « grands chemins », les silhouettes fantastiques des deux tours de la « potence » et du mont Bar marquent de leur empreinte physique et historique le passage entre deux pays, entre deux peuples, entre deux paysages. Oui, Allègre est un grand paysage.

« Oui, c’est bien ici que s’arrête l’Auvergne et qu’importe, après tout, que les limites administratives n’aient pas été toujours d’accord avec cette conception qu’adoptera sans hésiter un paysagiste à défaut d’un historien. Il y a une telle différence entre la région traversée pour gagner Allègre et celle qui s’ouvre devant vous, dès que vous vous arrêtez au coeur de la petite cité, qu’il est impossible de douter une minute de la transformation si brutalement opérée. »
Georges et Pierre PAUL, 1930.

Situé entre le plateau de La Chaise-Dieu où le granite affleure et le Velay volcanique, le bourg d’Allègre s’étage sur le flanc d’un ancien volcan, le mont Baury. À son sommet à 1 1050 mètres d’altitude, au-dessus de curieux jardins terrasses, les vues lointaines nous emmènent depuis la chaîne du Dévès jusqu’au plateau du Mézenc et plus loin encore jusqu’au Cévennes. « C’est le premier sourire du midi ».

Allègre eut un passé glorieux qui en fît la deuxième baronnie d’Auvergne. Les traces de cette richesse dans la petite cité sont nombeuses. Face au village, se posant comme le gardien des lieux, le mont Bar aux pentes recouvertes de hêtres nous compte l’histoire surprenante de son volcan et de sa tourbière.

Comme tous les paysages « de porte », Allègre emprunte le vocabulaire de chaque pays. Devant lui, les prés de fauche et les terres à lentille dessinent, avec les murets de brèches volcaniques et les haies de frênes et de pruneliers, un patchwork de parcelles cultivées d’où ressortent les hameaux, les clochers et le fourmillement des maisons. Dans son dos, sur des terres moins fertiles, une épaisse couche de forêts noires nappe l’horizon. Les bois du plateau de La Chaise-Dieu se font tout proches.