Forêt et santé des cours d’eau

Des essences spécifiques retenant les berges

Les essences emblématiques des ripisylves (forêts naturelles des bords de cours d’eau), notamment les feuillus, possèdent un système racinaire dont la conformation permet de réduire l’érosion des berges, tout en offrant des zones de refuge et de chasse à la faune aquatique.

Il est donc essentiel de privilégier des essences autochtones bien adaptées aux conditions hydriques et pédologiques des berges. Les saules (Salix spp.) et les aulnes glutineux (Alnus glutinosa) jouent ici un rôle fondamental. En complément, sur les zones moins humides, les érables sycomores (Acer pseudoplatanus) renforcent la diversité structurale de la ripisylve. Enfin, l’intégration de noisetiers (Corylus avellana) en lisière contribue à une transition écologique progressive vers les peuplements forestiers plus secs, tout en améliorant la connectivité écologique le long des cours d’eau.

Les formations végétales riveraines assurent également un apport adapté en matières organiques et limite le réchauffement estival de l’eau, procurant ainsi des conditions favorables à la vie aquatique.

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Préconisations techniques

La gestion forestière de ces espaces doit intégrer quelques mesures particulières pour éviter des pertes financières au propriétaire, préserver la ressource en eau et favoriser la biodiversité.

Il s’agit de préserver (ou de restaurer) une bande tampon d’au moins 6 m de part et d’autre du cours d’eau et plus si le contexte local le permet : selon la configuration du cours d’eau et de ses berges, une ripisylve fonctionnelle peut se constituer sur quelques mètres ou nécessiter plus d’espace.  Elle doit favoriser la stabilité des berges, le piégeage des sédiments comme des polluants et offrir un corridor écologique continu.

Chaque parcelle est différente. La stratégie de gestion doit s’adapter au cas par cas mais, de manière générale, on cherchera à :

1. Conduire une gestion adaptée de la ripisylve

Retirer ou réduire les essences inadaptées comme l’épicéa ou le Douglas à proximité immédiate des cours d’eau. En effet ces plantations résineuses allochtones perturbent la dynamique naturelle du cours d’eau, augmentent les chablis et diminuent la qualité des habitats aquatiques. Le SAGE Dore préconise par exemple le recul de ces essences à au moins 6 mètres du cours d’eau pour permettre l’implantation d’essences spécifiques (voir ci-avant).

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2. Diversifier les essences et les classes d’âge

Favoriser une diversité structurale (strates herbacées, arbustives, arborées) et des classes d’âge variées. Dessiner une ripisylve hétérogène améliore la résilience face aux aléas climatiques et favorise la biodiversité.

3. Limiter les impacts des travaux

> Favoriser la régénération naturelle

La régénération naturelle joue un rôle essentiel dans le fonctionnement biologique des sols, notamment par le maintien d’une couverture végétale diversifiée et progressive, ce qui est d’autant plus important en zone de pente. Cette végétation favorise l’activité biologique du sol (micro-organismes, faune du sol, racines), améliore la structure du sol et augmente sa capacité d’infiltration de l’eau. Il y a donc de nombreux bénéfices pour la sylviculture mais aussi pour la gestion des cours d’eau.

En effet, en limitant l’érosion et le ruissellement, la régénération naturelle réduit le transport de sédiments et de nutriments vers les cours d’eau situés en aval. Elle contribue ainsi à préserver la qualité de l’eau, à stabiliser les berges et à maintenir les fonctions écologiques des milieux aquatiques. En assurant une continuité écologique entre les versants et les zones riveraines, la régénération naturelle constitue un levier majeur pour la durabilité des écosystèmes terrestres et aquatiques.

> Ne pas laisser de rémanents dans la zone inondable

Lorsqu’un renouvellement par plantation est décidé, il conviendrait, dans l’idéal, de laisser les rémanents éparpillés sur le parterre de coupe, sans mise en andains. Le retour des éléments nutritifs au sol est ainsi plus rapide et réparti de manière homogène sur la parcelle. Néanmoins, cette pratique peut rendre plus difficile les opérations d’entretien de la plantation.

Quoi qu’il en soit, aucun rémanents ne doit être laissé dans une zone inondable et, dans tous les cas, à moins de 6 mètres du cours d’eau. En cas de mise en andains (tas de rémanents), ne pas installer les andains parallèlement à la pente (sous réserve des conditions de sécurité pour les opérateurs) et placer l’andain le plus proche du cours d’eau parallèle à ce dernier, à au moins 6 mètres et hors de la zone inondable.

Il s’agit ici d’éviter l’obstruction des écoulements, l’apport excessif de matière organique dans le lit mineur et les phénomènes d’asphyxie du milieu aquatique. Les andains situés trop près des berges peuvent également favoriser l’érosion, la déstabilisation des sols et le transfert de nutriments ou de sédiments vers le cours d’eau lors des crues.

Lors de la mise en andains, il est également important de ne pas décaper les premiers horizons du sol sans quoi les éléments nutritifs nécessaires à la bonne croissances des plants se retrouvent dans les andains, hors de portée des racines de ces derniers.

> Limiter le travail du sol sur les pentes en amont.

Le sous-solage perturbe la structure du sol et réduit temporairement la cohésion des horizons superficiels, ce qui rend les sols plus vulnérables au ruissellement lors des épisodes pluvieux, surtout sur des pentes marquées. Ces lessivages entraine une perte de fertilité importante dont l’effet est immédiat sur les jeunes plant et qui persistera sur le long terme. Ils peuvent par ailleurs entrainer la déstabilisation voire le déracinement des plants. De plus, les particules de sol arrachées et entraînées vers les zones basses augmentent la charge en sédiments des cours d’eau. Cette sédimentation peut provoquer un envasement des lits, une dégradation des habitats aquatiques et une altération de la qualité de l’eau, notamment par l’augmentation de la turbidité et le transport de nutriments ou de contaminants associés aux particules fines. À plus long terme, ces phénomènes peuvent perturber le fonctionnement écologique des milieux aquatiques et accroître les risques d’inondation en aval.

> Éviter les interventions mécanisées à moins de 10 m du cours d’eau

Il s’agit de limiter le tassement des sols et la modification des écoulements et de favoriser le débardage par des techniques alternatives si les sols ne sont pas portants.

> Éviter le franchissement des cours d’eau.

Le passage d’engins peut entraîner le tassement des berges, la remise en suspension de sédiments, la dégradation des habitats aquatiques et une altération de la qualité de l’eau. Afin de limiter ces effets, il est nécessaire de privilégier des points de franchissement adaptés, temporaires ou permanents, tels que des ponts, buses ou passages à gué aménagés, et d’éviter autant que possible les traversées directes du lit.

ATTENTION : Toute intervention susceptible d’impacter un cours d’eau, son lit ou des zones humides, comme le franchissement avec des engins forestiers ou l’aménagement d’un passage, peut relever d’une procédure administrative au titre de la loi sur l’eau (articles L.214-1 et suivants du Code de l’environnement). Pour en savoir plus, rapprochez-vous du service Police de l’Eau de la Direction Départementale des Territoires concernée.

Consulter / télécharger le Guide des bonnes pratiques – Sylviculture et cours d’eau